Entretien : ne vous laissez pas mettre au tapis! – Blogue Dessins Drummond

Ils sont doux, moelleux, colorés, chaud, confortables; ils habillent merveilleusement nos décors intérieurs, mais ils peuvent se révéler nocifs pour la santé.  Les tapis sont un réceptacle de choix pour toutes sortes de polluants et même leur nettoyage peut s’avérer toxique.  Explications.

Les 20% de Canadiens qui souffrent d’une maladie pulmonaire sont certainement mieux avertis que d’autres sur la question : les tapis, carpettes et autres moquettes, tout comme les tissus d’ameublement, sont de véritables nids à poussière et microorganismes allergènes, sans oublier les produits chimiques irritants qu’ils peuvent émettre.

Selon Don Fugler, chercheur principale à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), la quantité de poussière qui s’enlève d’un tapis est de quelques fois supérieure à la quantité qui monte d’un plancher dur.  Et si un coup de balai vient à bout de 95% des particules indésirables d’un plancher dur, le passage de l’aspirateur ne retire en moyenne que 40% de la poussière déposée sur un tapis.  « En fait, il y a trois types d’éléments qui viennent se loger dans les tapis qui sont de véritables éponges, explique le chercheur : ils peuvent être d’origine biologique (peau, poils, nourritures, acariens…) ou minérale (terre, sable, plomb…) ou encore chimique et provenant notamment des matériaux ayant servi à la construction des lieux, en particulier les vapeurs de peinture.

Pour limiter cette pollution intérieure, il est recommandé, entre autres, d’enlever ses chaussures avant d’entrer dans la maison, d’aspirer les tapis plus qu’une fois par semaine, et de bien couvrir les tapis et les meubles durant les périodes de rénovation.

Voilà donc pour L’ABC de l’entretien régulier.  Mais le choix d’avoir un tapis chez soi comporte également des risques quand il s’agit de procéder à un nettoyage plus en profondeur.  Les deux principaux s’appellent moisissures et produits chimiques.

De l’air!

La règle numéro un, au moment du nettoyage est de profiter de la meilleure ventilation possible pour permettre l’évacuation des émanations toxiques de certains produits de nettoyage et un séchage rapide si on emploie des produits liquides.  On choisira donc plutôt une période chaude et sèche pour ce type d’activités ménagères, car le danger dans un tapis qui reste trop longtemps humide réside dans la formation de champignons microscopiques connus sous le nom de moisissures.  Les 270 espèces recensées dans les maisons canadiennes ont toutes la particularité de dégager substances chimiques et des spores qui, selon Don Fugler, peuvent avoir « au mieux, des effets négligeables sur la santé ou, au pire, causer des allergies et des maladies graves. »  Outre les personnes souffrant déjà de troubles respiratoires, les individus ayant un système immunitaire affaibli sont des sujets à risques, de même que les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées.  Aussi, sachant que certaines moisissures sont invisibles, on s’appliquera d’autant plus à bien sécher ses tapis et on privilégiera les carpettes et tapis que l’on peut sortir au plein air, plutôt que les moquettes et autres revêtements inamovibles.

Autre bonne raison de procéder à la toilette des tapis dans un environnement très aéré : les agents chimiques contenus dans certains produits de nettoyage.  Outre les pesticides, dont il n’est pas nécessaire de rappeler la nocivité, les détachants et les protecteurs sont les plus dangereux, car ils contiennent souvent des solvants chimiques aux émanations toxiques.  Et, pour compléter le tableau des difficultés, la composition même des tapis synthétiques pose problème, car les substances contenues dans certaines colles et dans divers traitements administrés au moment de la fabrication (fongicide, pesticide, imperméabilisant, anti-taches et fixatifs de couleurs) peuvent être activées par le chlore contenu dans l’eau de nettoyage ou sous l’action d’autres produits.  Au passage, il est intéressant de noter que de nombreux tapis contiennent des composés organiques volatiles (COV), tel que benzène, toluène, formaldéhyde, qui ont la triste caractéristique de dégager gaz et vapeurs jusqu’à cinq ans après avoir été appliqués et de se solidifier avant de se redéposer sur n’importe quelle surface de la maison.  Certains d’entre eux sont cancérigènes, d’autres affectent les systèmes nerveux et endocriniens.

On comprend donc très bien que la Children’s Health Environnemental Coalition (CHEC) préconise l’acquisition de revêtements en fibres naturelles non traitées et suggère de demander au fournisseur d’aérer notre futur tapis pendant trois jours avant de le livrer et de laisser nos fenêtres ouvertes au moins pendant la même durée après l’installation.

Zones d’ombre

Dans le site Internet de la CHEC, plusieurs articles s’attachent au perfluorooctyle sulfonate (PFOS), une substance appréciée pour ses propriétés hydrophobes et lipophobes, soit repoussant l’eau et le gras.  Le PFOS fut le principal ingrédient de la gamme de produits Scotchgard®, fabriqués par la société 3M, distribués pendant 40 ans avant d’être retirés de la composition de ces produits cette année.  Le PFOS, que l’on a cru longtemps totalement inoffensif, s’est révélé être un polluant organique persistant (POP) dont on a retrouvé des traces un peu partout dans le monde animal, y compris chez l’être humain, dont le corps prend en moyenne quatre ans pour parvenir à l’éliminer totalement (les plus hauts taux de concentration ont été trouvés chez les enfants).

Les maux attribuables au PFOS sont nombreux; selon l’Environmental Working Group, un groupe de recherche écologiste basé à Washinton, il s’agit d’irritations diverses (yeux, nez, poumons), de maux de tête, de fatigue, de nausées… Si l’on n’a pas encore étudié ses effets cancérogènes chez l’humain, les doses mesurées chez les enfants et les adultes sont parfois même plus élevées que celle causant des dommages cellulaires, thyroïdiens et reproducteurs, ainsi que des malformations et des cancers du pancréas, du sein, des testicules, de la prostate et du foie chez les animaux de laboratoire, selon les conclusions des plus récentes études.  Et de son côté, l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE : organisme international regroupant une trentaine de pays dont le Canada) étudie même la possibilité d’une incidence du PFOS dans le développement de cancers de la vessie, mais on commence à peine les recherches et l’on est encore incapable de mesurer les effets réels de cette substance sur l’environnement et sur l’être humain.

De l’eau!

Dans son panorama sur les dangers de l’entretien des tapis, la CHEC évoque aussi la question des shampoings (secs, liquides ou en poudre) et des mousses qui contiennent généralement des solvants et détergents tel le perchloroéthylène  qui menacent la santé si leur application dépasse une certaine durée. Or, les aspirateurs même les plus performants ne parviennent pas à en éliminer tous les résidus, ce qui signifie qu’un enfant peu très bien en ingérer en portant sa main à sa bouche après s’être joyeusement roulé sur un tapis « bien propre ».  Don Fugler, de la SCHL, recommande l’emploi d’aspirateurs centraux qui évacuent toutes les particules, ou un aspirateur de type HEPA, les deux procurant un léger avantage sur les autres aspirateurs.

À moins qu’un tapis soit vraiment d’une saleté repoussante, une eau additionnée de savon doux avec un bon rinçage et un séchage rapide, est le moyen le plus simple et le plus sûr de nettoyer un tapis.  À ce titre, les distributeurs de tapis d’orient et de kilim recommandent un lavage traditionnel à grande eau une fois tous les trois ou cinq ans pour une plus grande durée de vie de ces coûteux revêtements.  Du côté des professionnels du nettoyage, certains se sont mis à l’heure de l’environnement et développent des procédés écologiques.  C’est le cas de l’entreprise Steamatic qui utilise un extracteur de saleté à eau chaude.  « Quand c’est possible, nous n’utilisons pas d’autres produit qu’un adoucisseur d’eau, un émulsifiant sans phosphate, pour éviter les réactions de produits potentiellement contenus dans les tapis, commente Jules Piché, administrateur de la société montréalaise.  La température de l’eau est contrôlée de façon à libérer la saleté (poussières et graisses) et à la maintenir en suspension avant de l’extraire.  Avec notre procédé, les tapis sèchent en sept heures et 96% des bactéries et agents allergènes sont éliminés.  Bien sûr, quand cela est nécessaire, nous utilisons des produits plus agressifs, mais qui sont tous biodégradables et anti-allergènes.  D’ailleurs, ils sont homologués par les 22 pays où ils sont distribués, parmi lesquels la Suisse. »

Par ailleurs, la société Polti Canada a remporté le prix de la qualité de l’air accordé par un jury indépendant dans le cadre d’un concours organisé en 1998 par La Maison du 21e, siècle, pour le nettoyeur à vapeur Vaporetto qu’elle fabrique et distribue.

Conseils pratiques

Vous l’aurez compris, mieux vaut réduire les surfaces textiles à l’intérieur d’un logement et les protéger de la saleté par des précautions de base et un entretien régulier.  Cela dit, pour pouvoir continuer à profiter de la beauté des tapis et du confort qu’ils nous procurent, voici quelques conseils pour bien les choisir et les nettoyer le plus écologiquement possible :

– Au moment de l’achat, éviter les matières synthétiques dont les endos de styrène  butadiène; opter pour les fibres naturelles végétales ou animales non traitées.
– Ne pas attendre qu’un tapis ait l’air sale pour le nettoyer.
– Procéder à un lavage à l’eau ou à la vapeur une année sur deux.  Assurez-vous de ne pas l’inonder et qu’il sèche en dedans de 24 heures.
– Pour le nettoyage courant, aspirer soigneusement, saupoudrer d’amidon ou de bicarbonate de soude, laisser agir une heure et repasser l’aspirateur avec grand soin.
– En cas d’accident, pomper les liquides renversés avec un linge blanc ou de couleur claire, sans frotter, pour ne pas endommager les fibres.  Si besoin, gratter délicatement avec une spatule ou une cuillère.  S’il s’agit de graisse, saupoudrer de bicarbonate de soude ou de fécule ou farine de maïs.
– Tamponner les taches rebelles avec de l’eau chaude savonneuse (liquide à vaisselle ou savon doux) et rincer avec quelques cuillères à café de vinaigre blanc dans une tasse d’eau avant d’éponger avec un linge propre.
– Le sel, le borax, le club soda et l’eau bouillante sont d’autres bons nettoyeurs naturels.
– Dans le cas d’un recours à un nettoyeur professionnel, exiger qu’il n’utilise pas de produits chimiques.  Et s’il répond que c’est impossible, lui parler des produits Biomor, fabriqués par la compagnie lavalloise Avmor, composés de solutions bactériennes qui désintègrent les matières organiques logées dans les tapis en agissant conjointement avec les bactéries de ces mêmes matières organiques.  Une réaction chimique causée par des éléments biologiques.  Intéressant…..

Avmor : (450)629-8074
CHEC: www. checnet.org (Virtual House)
SCHL: 1-800-668-2642
www.cmhc-schl.gc.ca (clique sur maison saine)
Don Fugler (de la SCHL) : dfugler@cmhc-schl.gc.ca
Polti Canada : (514) 685-8770 ou 1-888-697-6584 www.polti.ca
Santé Canada : Pierre Rousseau (418)649-6416 www.hc.sc.gc.ca
Steamatic : Jules Piché, (514)351-1234


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