Si votre toiture est recouverte de bardeaux d’asphalte non recyclables, vous pourrez au moins vous déculpabiliser si elle est bien posée. Un travail professionnel permettra à la toiture de résister aux intempéries pendant 25 ans ou davantage.
« Les consommateurs et les constructeurs embauchent trop souvent les couvreurs les moins chers, déplore l’architecte Morris Charney. Ceux-ci n’appliquent pas les principes recommandés par le Manuel de devis couvertures de l’Association des maîtres couvreurs du Québec, qui est plus spécifique que le Code National du Bâtiment (en vigueur au moment de la mise-en ligne de cet article. »
« Les gens font ce qu’ils veulent, en nouvelle construction, c’est un peu épeurant! Plusieurs ne posent ni papier asphalté pare-vapeur, ni membrane autocollante », ajoute Jean Salvaille, président de l’entreprise montérégienne Solutions Maximum Inc. une compagnie qui, au moment d’écrire ces lignes, applique un grand soin dans la réfection de toitures, calfeutrages et finis de béton résidentiel. « Une mauvaise pose entraîne le besoin de refaire bien des toitures après douze à quinze ans, surtout si les maisons sont bâties dans une région venteuse et sur un sol argileux, le mouvement des fondations faisant bouger toute la maison.»
Corriger les problèmes
Avant de refaire une toiture, il faut d’abord corriger les problèmes d’entretoit, insiste Morris Charney. « Trop de couvreurs ne font qu’ajouter des turbines ou des évents passifs sur le toit, mais si les soffites de corniches sont bloqués et que le plafond est peu étanche et isolé, ajouter de la ventilation sur le toit accroîtra l’aspiration des pertes de chaleur. Au lieu de les combattre, ceci causera plus de problèmes de condensation et de neige fondante. »
M. Charney insiste particulièrement sur l’importance d’équilibrer la ventilation par les corniches (en sommes les entrées d’air) et par le haut du toit (les sorties) et d’équilibrer le volume de ventilation proportionnellement au niveau d’isolation. Une fois scellées à l’aide d’une canette de polyuréthane, les fuites majeures dans le plafond, et la pose d’assez d’isolation (résistance thermique d’au moins R-30), il suffira d’appliquer les calculs de ventilation qui s’imposent selon le type et la pente de toiture. « Même si on pose les meilleures bardeaux sur un pare-vapeur de qualité, opine Jean Salvaille, cela ne suffira pas si la maison ne respire pas adéquatement. »
Morris Charney recommande aussi de poser des déflecteurs de contreplaqué, et non de carton ou de polystyrène cassant, aux extrémités de l’entretoit. Ceux-ci n’ont pas seulement pour but d’éviter la chute d’isolant en vrac qui obstruerait les corniches; en plus de bien retenir l’isolant en place, ils font circuler l’air frais qui monte des corniches au –dessus plutôt que dans l’isolant. « Souvent, à cause du manque d’espace accessible ou l’absence de déflecteurs, bien des entrepreneurs posent moins d’isolant aux extrémités des entretoits, déplore aussi l’architecte. En fait, c’est là qu’il faut en mettre le plus : comme la plupart des maisons sont chauffées a l’aide de plinthes électriques, l’air chaud monte directement en haut des murs et surchauffe les entretoits mal isolés aux extrémités. C’est ce qui fait condenser et geler les soffites et qui crée des barrages de glace sur les toitures ».
Pour sa part, Jean Salvaille constate souvent que le fait d’arracher les vieux bardeaux déstabilise le support en contreplaqué si celui-ci a été fixé avec des clous brillants (lisses). « Il faut donc absolument reclouer le contreplaqué à la grandeur avec des clous vrillés, sinon il risquera de se soulever plus tard. »
Comme bien de vieux contreplaqués ou panneaux de copeaux orientés (OSB ou « Aspentite ») courbent sous le poids de la neige, M. Salvaille les aplanit au centre en posant quelques épaisseurs de bardeaux et un pont de tôle galvanisée. « Poser un bardeau neuf sur une surface courbe nous donne un bardeau ondulé, donc affaibli. » L’idéal est de remplacer le pontage à la grandeur, conseille Morris Charney : « Si le contreplaqué s’affaisse entre les chevrons, c’est soit qu’il est trop mince ou que les chevrons sont trop espacés. S’il ne fait pas au moins 5/8 de pouce d’épaisseur, il devrait être remplacé. »
Un blindage à toute épreuve
En bordure des toitures, il faut toujours poser des rejéteaux (aussi appelés larmiers ou « drip-edge » en anglais) métalliques qui dépasseront la bordure, recommande M. Charney : en plus de diriger la pluie dans les gouttières, ils supportent le premier rang de bardeaux et les empêchent de casser.
Ensuite, Jean Salvaille préfère poser deux hauteurs (plutôt qu’une) de membranes autocollantes qui se chevauchent pour mieux protéger la toiture plus efficacement contre les méfaits de la glace. Pour plus de protection, M. Salvaille recommande aussi de mettre des tierces membranes sur les côtés, des demi-membranes aux évents et ventilateurs. Pour sa part, Morris Charney préfère même poser une membrane « Ice and Water Shield », de la compagnie Grace, à la grandeur des toitures. C’est ce que fait toujours son couvreur favori, Ernest Hotte Inc, spécialisé dans les maisons haut de gamme et les grands bâtiments. Évidemment, cela augmente considérablement le coût d’une toiture, mais assure un blindage à l’épreuve de votre climat rigoureux.
Lorsque le membranage est terminé, « recouvrir gentiment le gâteau avec du papier 15 lbs pare-vapeur de marque BQ-403, poursuit M. Salvaille. N’oubliez pas qu’un VRAI « flashing » de cheminée est fait d’une membrane à 90 degrés d’angle, d’un solin galvanisé à 90 degrés et d’un recouvrement d’aluminium (ou d’acier prépeint) d’au moins 115 degrés. Si ce travail de ferblanterie est scellé (comme le reste des joints de toiture) avec un calfeutrant de polyuréthane (NP-1 de Sonneborn, y’a rien de meilleur), on peut dire que vous avez fait affaire avec un couvreur qui respecte les règles de l’Art. »
Bref, en payant plus cher pour une toiture bien posée, on économisera tant du point de vue économique qu’écologique. « Chacun doit être écologiquement responsable et opter pour une toiture à long terme, dit Jean Salvaille. Des millions de familles utilisant pendant plus d’années des millions de tonnes métriques de bardeaux, ça fait beaucoup moins de déchets polluants dans l’environnement. »
J’aimerais vous dire félicitation pour ce site très instructif.
Merci M. Sauvé, la correction a été fait!
Bonjour,
Je visite votre site présentement qui est très intéressant,je vous informe qu’il y aurait une petite correction à apporté à votre lien:
http://www.amcqu.qc.ca;
devrait plutôt être (amcq pas de u) http://www.amcq.qc.ca/
Bonne journée
Merci
Daniel Sauvé