Selon ce que signale John Wargo, professeur à l’Université Yale et expert en analyse de risque, dans un rapport publié par l’organisme sans but lucratif Environment and Human Health Inc., « Les normes LEED sont clairement insuffisantes pour protéger la santé humaine, pourtant elles sont adoptées dans les législations par plusieurs paliers de gouvernement ».
Ce rapport déplore qu’il soit possible pour un bâtiment d’obtenir la certification LEED platine, la plus haute distinction de ce programme fondé par le US Green Building Council (USGBC), tout en accumulant, dans un environnement étanche, des concentrations dangereuses de polluants.
Bien qu’il impose des mesures préalables (comme l’apport d’air extérieur et le contrôle du radon) et récompense l’application de mesures saines, le système LEED n’interdit pas l’usage de pesticides, ni de matériaux et de produits de nettoyage émettant des vapeurs chimiques toxiques. Le système de pointage du programme LEED pour les habitations permet de récolter jusqu’à 136 points. Or, la catégorie Qualité des environnements intérieurs n’offre qu’un maximum de 21 points optionnels, dont seulement quatre pour le contrôle des contaminants, comparativement à 38 points pour la catégorie Énergie et atmosphère.
John Wargo déplore d’ailleurs que le USGBC, qui regroupe 16 000 organisations membres, soit contrôlée par les fabricants et les professionnels du bâtiment, et ne compte que très peu d’experts en matière de santé car, malheureusement, les lois et règles en vigueur permettent aux fabricants d’utiliser des ingrédients toxiques et d’en cacher d’autres, présents en quantités minimes ou considérés comme des secrets industriels.
Même si notre programme Novoclimat, pré-requis obligatoire pour une maison visant une certification LEED, se veut plutôt sévère en exigeant un échange d’air en continu à des débits précis dans toutes les pièces de la maison ainsi que l’usage de peintures ou vernis à base d’eau, rappelons qu’aucun système de ventilation ou de filtration ne réussira à assainir une maison aussi bien que le contrôle des polluants à la source. Le Dr Wargo recommande donc que le système de pointage LEED favorise l’usage de matériaux sains, qu’il pénalise l’emploi de produits nocifs et qu’il exige que la qualité de l’air intérieur soit testée.
Le programme LEED étant un programme évolutif, il est à souhaiter qu’à l’instar des pays comme la Suède, l’Allemagne, le Japon et bientôt la France, il en vienne à exiger l’affichage du nom des ingrédients et la quantité d’émissions chimiques sur les étiquettes des produits.
Source, le magazine La Maison du 21è siècle, édition Hiver 2011